Les locomotives à adhérence totale ; type Indre

Les locomotives à adhérence totale ; type Indre

Construites en 1902, ces machines destinées initialement au réseau des Tramways de l'Indre furent acquises par la Compagnie C.F.D. afin d'équiper son service de la construction en engins de traction pour desservir les chantiers en activité sur le second réseau du Vivarais.

Accès à notre gamme locomotives

Devant l'urgence des besoins, la Direction avait prospecté différents constructeurs. Seule la maison Pinguely avait donné suite à cette demande en proposant trois unités de son type 107 qui se trouvaient en attente et dont l'acquéreur n'était pas encore en mesure d'en prendre livraison. Correspondant à quelques détails près aux spécifications des C.F.D., ces machines furent aussitôt acquises et dirigées sur le dépôt du Cheylard.

Locomotive 030 Pinguely type Indre n°83 en gare de Villeneuve-le-Compte sur la ligne de Lagny à Mortcert
Locomotive 030 Pinguely type Indre n°83 en gare de Villeneuve-le-Compte sur la ligne de Lagny à Mortcert

Description de la locomotive type Indre

Elles possédaient une chaudière dont le corps cylindrique était composé de 3 viroles. Le dôme de prise de vapeur situé sur la première virole supportait les soupapes de sûreté en charge. La sablière se trouvait sur la seconde virole. La distribution était du type Walschaert. La prise de mouvement située sur le troisième essieu et son empattement de 2,050 m en faisait un engin d'une stabilité passable.

Locomotive 030 Pinguely type Indre n°82, au dépot d'Egreville
Locomotive 030 Pinguely type Indre n°82, au dépot d'Egreville

Leurs performances étaient malgré tout nettement supérieures à celles de la série 4-5 en raison de la plus grande longueur du faisceau tubulaire, leur donnant une vaporisation plus importante et de la plus grande dimension des cylindres augmentant ainsi notablement leur effort de traction, malgré un diamètre des roues motrices légèrement supérieur atteignant 0,900 m.

Vue arrière de la même machine
Vue arrière de la même machine

Aux essais, elles remorquèrent un convoi de 50 t en rampe de 30 °/°° à la vitesse de 15 km/h.

Elles étaient peintes en vert olive avec filets rouges et portaient les n° 3 à 5 lors de leur livraison. Elles circulèrent sous ces numéros pendant la période de construction, puis furent dotées de plaques ovales en laiton portant les n° 81 à 83 et la désignation de la Compagnie, dès leur emploi pour les besoins de l'exploitation. Les traverses avant et arrière étaient peintes en rouge vermillon et portaient la mention « N° » à gauche et l'immatriculation à droite du tampon central en caractères blancs.

Ces marquages subirent plusieurs modifications au cours des différents levages :

  • Les inscriptions sur les traverses avant et arrière furent modifiées comme suit :
  • La 81 reçut la mention C. F.D. à la place de l'inscription « N° » en 1930.
  • La 82 porta la mention de son immatriculation de part et d'autre du tampon central à la même époque.

Cette dernière, à l'occasion de sa remise en peinture au Cheylard, en 1930, reçut une porte de boite à fumée peinte en rouge et on teinta en blanc l'encadrement circulaire de la chaudière. Cet essai, qui ne fut pas généralisé, était destiné à obtenir une meilleure vision lointaine des convois pour les équipes travaillant sur la voie ainsi que pour les usagers de la route aux abords des P.N.

Locomotive type Indre sur la chantier de pose de la voie sur la ligne de la Lozère
Locomotive type Indre sur la chantier de pose de la voie sur la ligne de la Lozère

Livraison et affectations de la locomotive type Indre

Etant propriété privée de la Compagnie, ces locomotives, à l'exception de la 83, furent sujettes à de nombreuses mutations. Elles furent les bonnes à tout faire des C.F.D. qui les utilisèrent tant au service de l'exploitation qu'à celui de la construction au fur et à mesure des besoins. Ces mutations sont données ci-dessous :

La locomotive n° 81

Livrée au Cheylard le 3 mars 1902, elle assura le service de la construction du second réseau du Vivarais jusqu'au 24 avril 1902, date à laquelle elle fut affectée aux trains du service régulier. Mutée en avril 1909 à Florac, elle participa aux travaux de pose de la voie puis servit de réserve aux machines de la ligne de la Lozère jusqu'au 12 mars 1916. A cette date, elle fut réquisitionnée par la 10e Section des Chemins de Fer de Campagne pour être utilisée sur le réseau Meusien. Basée à Revigny, elle concourut au service de desserte des différentes places du front. Retournée le 13 mai 1919 à son dépôt d'origine, elle y fut remise en état, avant d'être envoyée à Péronne le 5 juillet de la même année, pour y être employée au service de la reconstruction du réseau de la Somme des Chemins de Fer Economiques (S.E.). En avril 1923, après la fin des chantiers, elle fut retournée au Cheylard pour y être révisée et employée à titre de réserve au service de l'exploitation.

Locomotive 030 type Indre n°83 en tête d'un train de voyageurs en gare de Lagny-Saint-Denis
Locomotive 030 type Indre n°83 en tête d'un train de voyageurs en gare de Lagny-Saint-Denis

Garée en 1927, elle fut mise en instance de R.G., puis entreprise dans les ateliers du Cheylard en vue de son envoi sur la ligne de Vernoux à Saint-Péray des Tramways de l'Ardèche dont les C.F.D. avaient reçu l'affermage. Réceptionnée à Saint-Péray le 21 mars 1928, elle assura du service sur cette ligne jusqu'au 16 janvier 1930, date de son retour au Cheylard, où elle y fut mise en réserve.

Réexpédiée deux mois plus tard à Florac, elle y fut employée pour assurer le service des trains périodiques jusqu'au 22 avril 1935. A cette époque, elle fut placée en attente de révision. Cette situation dura jusqu'en 1942, après avoir été utilisée sporadiquement sur la ligne pour assurer les trains supplémentaires de marchandises. Début 1942, après remise en état, elle fut mutée à Périgueux, afin de renforcer le parc déficient du réseau de la Dordogne. Employée sur les différentes lignes de ce réseau jusqu'en juin 1949, date de sa mise en réparation différée, elle y fut démontée et son châssis expédié aux ateliers de Montmirail pour transformation en locotracteur.

La locomotive n° 82

Livrée le 3 mars 1902 au Cheylard en même temps que la 81, elle suivit celle-ci sur la ligne de la Lozère pour effectuer la pose de la voie, mais retourna aussitôt après au Cheylard où elle fut employée pour la traction des trains périodiques. Le 4 mars 1916, elle rejoignit la 81 à Revigny pour les besoins de la Défense Nationale. A la fin des hostilités, elle fut mutée directement de Revigny à Péronne pour participer aux travaux de reconstruction du réseau S.E. de la Somme, où elle retrouva encore une fois la 81. Le 6 janvier 1922, les C.F.D. la rapatrièrent à Toulon-sur-Arroux où le manque d'engins de traction se faisait sentir. Elle y resta cinq ans, puis le 14 mai 1927, elle fut dirigée vers Saint-Péray où elle fut de nouveau rejointe quelques mois plus tard par la 81. A partir de cette date, les deux machines ne se quitteront plus que lors de leur passage en révision. En effet, la 82 rejoignit Le Cheylard pour révision le 17 juin 1930. Restée sur le réseau du Vivarais en réserve, elle était garée au début de la guerre de 1939-1945 en attente de réparations. Suite à la pénurie de machines sur le réseau de Dordogne, elle fut expédiée à Périgueux avec la 81 le 15 avril 1942. Après un service continu de quatre ans, le Département de la Dordogne mit fin à sa location en septembre 1946. Devenue disponible, les C.F.D. la mutèrent au dépôt d'Egreville où elle arriva le 27 novembre 1946, rejoignant ainsi la 83. Après un service de huit ans sur la ligne de Seine-et-Marne, elle fut garée en attente de réforme. Finalement, elle fut ferraillée le 15 août 1956.

Plan de la locomotive type 030 Pinguély. (Echelle 1/43.5)
Plan de la locomotive type 030 Pinguély. (Echelle 1/43.5)

La locomotive n° 83

Reçue le 3 mars 1902 au Cheylard, elle assura conjointement avec les deux autres unités le service des chantiers du second réseau du Vivarais, puis fut mutée au dépôt de Mortcerf, le 14 novembre 1902 en vue de remplacer la machine Fives-Lille n° 4. Elle s'avéra sur cette ligne d'une grande fragilité et subit de nombreuses avaries. On dut procéder à sa mise en levage anticipée le 20 août 1906. Devant l'ampleur des travaux à effectuer et les modestes moyens de l'atelier de Mortcerf ne permettant pas d'y faire face, elle fut expédiée à Egreville pour remise en état le 1er février 1907. Il fut alors décidé de la remplacer par une machine plus robuste à Mortcerf. Remise en état par les soins de l'atelier d'Egreville, elle fut conservée sur cette ligne où elle fit un excellent service jusqu'à sa réforme en septembre 1956.

source : MTVS 1988-4

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